Il est fort probable que tu ne parles pas aranais. En fait, il est fort probable que tu n’aies jamais entendu parler de l’aranais. C’est la langue parlée par les habitants de Val d’Aran.
Val d’Aran, qui se trouve sur le versant nord des Pyrénées, possède une géographie unique. La plupart du versant nord des Pyrénées appartient au territoire français. Mais Val d’Aran, avec son terrain montagneux et enneigé, se trouve dans la communauté autonome de Catalogne, en Espagne. Environ 10 000 personnes habitent cette vallée reculée.
Dans un article récent de la BBC, Richard Collet a jeté un coup d’œil sur la région. Les résidents de Val d’Aran l’ont dit, sans hésiter, qu’ils sont Aranais. Val d’Aran jouit d’une plus grande autonomie depuis 1991. En 2010, l’aranais fut reconnu comme la troisième langue officielle de Catalogne.
Histoire de l’aranais
L’aranais est l’un des nombreux dialectes de l’occitan. Prédominante durant le Moyen Âge, cette langue romane a prospéré dans le Sud de la France, au Monaco, et dans diverses régions d’Italie et d’Espagne.
L’occitan était compris partout en Europe et les troubadours l’utilisaient dans leurs chansons et dans leur poésie. Parmi les locuteurs historiques notables de l’occitan figurent le roi d’Angleterre Richard Ier (Richard Cœur de Lion) et sa mère, Aliénor d’Aquitaine.
L’occitan était une langue des personnes instruites, mais, dans ses régions principales, c’était la langue dominante. Contrairement à d’autres langues, l’occitan était, et est toujours, composé de différents dialectes, sans langue standard.
Au fil du temps, le nombre de locuteurs de l’occitan a diminué car il a été remplacé par le français, par l’espagnol et par d’autres langues. Tous les dialectes de l’occitan sont aujourd’hui considérés comme des langues en danger d’extinction. D’autres noms que tu pourrais trouver pour l’occitan, en particulier dans l’histoire, incluent le provençal et le limousin.
Le catalan est très proche de l’occitan. L’aranais appartient au dialecte gascon de l’occitan et c’est la seule langue occitane à avoir obtenu un statut officiel.
L’aranais aujourd’hui
Les langues occitanes sont peut-être en danger d’extinction, mais dans Val d’Aran, l’aranais persiste. Depuis qu’il a été reconnu comme langue officielle, il est enseigné dans les écoles et figure dans les panneaux de la région.
Le statut officiel confère à l’aranais un degré de protection. Les habitants de Val d’Aran s’accrochent fièrement à leur héritage linguistique et produisent des informations, de la littérature et des divertissements dans leur langue maternelle.
Certains emmènent leur langue à travers le continent, un peu comme les troubadours médiévaux.
Bien qu’il s’agisse d’un endroit éloigné, Val d’Aran a toujours été en contact avec d’autres langues, principalement par le biais du commerce avec la France et avec l’Espagne. L’isolement n’est pas la raison pour laquelle l’aranais a survécu.
Les habitants de la vallée ont toujours apprécié leur autonomie. Bien qu’elle soit partie Espagne, cette communauté a lutté et négocié pendant des siècles pour préserver ses privilèges. Il n’est pas surprenant qu’elle ait également conservé sa langue.
Environ 40 % des habitants de Val d’Aran ont atteint le trio gagnant aranais : ils parlent, lisent et écrivent dans cette langue. Cela ne semble pas être un chiffre élevé. Mais lorsque l’on regarde les composants séparés, près de 90 % comprennent l’aranais et plus de 60 % parlent la langue.
Alors que le tourisme et l’immigration contrecarrent la diffusion naturelle et l’influence de l’aranais, la langue reste une partie de la culture générale.
Beaucoup parlent aranais à la maison, bien qu’ils utilisent le catalan ou l’espagnol pour communiquer avec ceux qui viennent de l’extérieur. Parler aranais, c’est accéder à la culture médiévale préservée dans les constructions et les traditions de la vallée.
Certains craignent que l’influence des touristes et le besoin de communiquer avec eux ne fassent disparaître l’aranais. D’autres pensent que la langue est beaucoup plus résistante. Son statut officiel signifie que les enfants apprennent la langue à l’école et cela est important pour la préservation de l’aranais.
Les personnes qui habitent Val d’Aran sont conscients de l’importance de leur héritage linguistique. Beaucoup sont multilingues et parlent trois ou quatre langues. L’aranais est la langue de la maison, de la culture, de l’héritage.
Que les Aranais survivent ou non relève de la volonté collective et de la mémoire culturelle. Le statut officiel a le pouvoir de garantir que la langue ne connaîtra pas une mort prématurée. Si l’on regarde leur histoire, il semble peu probable que les habitants de Val d’Aran laissent mourir leur langue sans essayer de la sauver.