Nous aimerions croire qu’après avoir fini une traduction, nous n’aurons plus à penser à elle. Cependant, nous savons qu’il n’en est pas ainsi. Il est très rare qu’un traducteur soit satisfait de son travail. Comme Sisyphe, nous sommes condamnés à pousser cette pierre qu’est le langage jusqu’en haut d’une côte, et à recommencer éternellement.
En écrivant, nous trouverons toujours une façon d’améliorer la traduction, de la retoucher, de la reformuler. Nous choisissons les mots et formulons les phrases tout en sachant d’avance qu’il existe d’autres possibilités. De plus, la langue n’étant pas statique, nous devons traduire nouvellement ce qui a déjà été traduit car, comme les hommes, les traductions vieillissent et demande à être rénovée régulièrement.
Si nous prenons par exemple le début de Richard III, de Shakespeare, nous pouvons observer les différences qui apparaissent entre une traduction et la suivante. Pierre Leyris publia la traduction suivante : « Voici l’hiver de notre déplaisir mué en radieux été par ce soleil d’York, et les nuages qui menaçaient notre maison tous enfouis tout au fond des mers. Voici nos tempes ceintes de guirlandes triomphales, nos armes entamées pendues en trophées, nos alertes sévères changées en joyeux raouts, nos marches terrifiantes en mesure exquises. »
Voici à présent la traduction rédigée par François Guizot : « Enfin le soleil d’York a changé en un brillant été l’hiver de nos disgrâces, et les nuages qui s’étaient abaissés sur notre maison sont ensevelis dans le sein du profond Océan. Maintenant notre front est ceint des guirlandes de la victoire, et nos armes brisées sont suspendues pour lui servir de monument. Le funeste bruit des combats a fait place à de joyeuses réunions, nos marches guerrières à des danses agréables. »
La traduction invite au travail éternel ; toutefois, et bien que cela puisse paraître quelque peu déconcertant, elle ne l’est pas. Elle est en revanche une célébration infinie de la langue, une recréation constante du monde et de la langue elle-même. Chez Trusted Translations, nous nous efforçons pour nous renouveler chaque jour, ainsi, si vous désirez traduire, réviser ou « actualiser » un travail, n’hésitez pas à nous contacter.
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Version originale en espagnol : La traducción eterna