IAL : l’interlingua

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À ce point dans notre série d’articles sur les langues auxiliaires, tu ne seras pas surpris d’apprendre qu’il y a encore une IAL importante.

Bien qu’avoir plusieurs IAL en concurrence l’une avec l’autre semble aller à l’encontre du but d’une langue internationale, ce fait nous enseigne, néanmoins, quelque chose sur les défenseurs de ce mouvement. Ils sont unis par une chose : le but de créer la plus utilisable et la plus accessible de toutes les langues construites.

Et bien que le mouvement se soit épanoui dans la fin du XIXe siècle, il ne s’est pas arrêté après la création de l’ido et de l’espéranto. La troisième langue importante du derby des IAL c’est l’interlingua.

Histoire

L’histoire de l’interlingua commence avec la fondation de l’International Auxiliary Language Association (IALA) aux États-Unis. Fondé en 1924 par Alice Vanderbilt Morris et son mari, la IALA a entrepris la recherche des langues construites.

L’IALA voulait réexaminer de manière complexe et scientifique les langues auxiliaires. Ils se sont efforcés d’intégrer et de poursuivre les recherches existantes.

Le but initial de l’IALA était d’identifier la meilleure IAL et de la promouvoir partout. Avec un financement considérable, c’était un bon lieu pour cela. Alice, après tout, appartenait à la famille Vanderbilt.  Après quelques années de recherche, ils ont déterminé qu’aucune des langues existantes n’était la bonne. Quelle surprise ! Nous avons vu cela venir, mais la communauté IAL à l’époque était au dépourvu. En 1937 on a décidé que l’IALA créerait une nouvelle langue. Je comprends ton soupir.

Cette nouvelle langue serait différente de l’espéranto et de l’ido d’une manière significative. En lieu de construire un vocabulaire, l’interlingua utiliserait une méthode naturaliste.

La méthode naturaliste pour créer une IAL fait bon usage des vocabulaires des langues source de l’interlingua. En 1946, un sondage a démontré que les enseignants de langues préféraient cette méthode.

En 1951, l’interlingua fut présenté formellement. Il était très similaire à une IAL naturaliste existante appelée interlingua de Peano (ou latino sine flexione), ce qui a conduit au maintien du nom interlingua. On se demande aussi pourquoi ils inventeraient quelque chose qui existait déjà. Cependant, l’interlingua fut créé !

Interlingua vs interlingua

Tous les interlingua ne sont pas interlingua. Oui, carrément, c’est déroutant. Dans la technologie de la traduction, il existe la définition de l’interlingua suivante :

« une langue artificielle conçue pour la traduction automatique qui rend explicites les distinctions nécessaires à une traduction réussie dans la langue cible, même lorsqu’elles ne sont pas présentes dans la langue source».

Cet interlingua est lié à la traduction automatique. L’autre interlingua est la langue auxiliaire.

L’interlingua est-il viable, pratique ou nécessaire ?

L’interlingua est plus pratique que d’autres langues construites non naturalistes. Parce qu’il utilise du vocabulaire déjà existant dans ses langues source, il est très facile d’apprendre pour les locuteurs de ces langues. L’interlingua est, soi-disant, largement intelligible et lisible par des locuteurs natifs de l’anglais et des langues romanes sans formation.

L’apprentissage de l’interlingua facilite également l’apprentissage de ses langues source. Cela le rend tout à fait viable et pratique… pour les personnes qui parlent les langues source. Tout comme l’espéranto et l’ido, l’interlingua est basé presque entièrement sur des langues occidentales.

Les principales langues source de l’interlingua sont l’anglais, le français, l’espagnol, le portugais et l’italien. Ces cinq langues sont appelées les langues source primaires. L’interlingua utilise aussi l’allemand et le ruse comme langues source secondaires.

L’interlingua possède également la particularité de contenir un vocabulaire spécifiquement adapté à la communauté scientifique. Pour cette raison, il a été adopté très tôt dans des conférences et revus scientifiques.

L’utilisation de l’interlingua au sein de la communauté scientifique lui donne le potentiel de combler un créneau spécifique non abordé par d’autres IAL. S’il peut être utilisé avec succès sans formation, il peut améliorer les collaborations scientifiques en Occident.

Bien qu’aucun IAL ne soit strictement nécessaire, l’interlingua peut être le plus utile pour les groupes de locuteurs de langues occidentales qui cherchent un terrain d’entente.

Les pour et les contre

Les pour

  • L’interlingua est très facile d’apprendre. L’essence naturaliste de l’interlingua lui donne un avantage sur les autres langues construites. Ses langues source sont parlées partout dans le monde.
  • L’interlingua contient du vocabulaire scientifique. Son inclusion d’un vocabulaire spécifique à la science le rend utile dans cette communauté. La collaboration internationale est particulièrement courante et nécessaire dans ce domaine.

Les contre

  • Tendance occidentaliste. Les trois IAL que nous avons examinées ont été développées par des locuteurs de langues occidentales. Interlingua capitalise sur cette tendance avec un vocabulaire tiré directement de ses langues sources. Il est plus difficile d’apprendre pour les personnes dont les langues maternelles sont d’autres langues indo-européennes, des langues africaines ou des langues asiatiques.
  • Brouiller les eaux. Les développeurs de chaque langue auxiliaire avaient de bonnes intentions. Mais en jeter une autre dans le mélange a encore divisé le mouvement.

L’interlingua aujourd’hui

L’interlingua s’utilise activement aujourd’hui et prétend être l’IAL naturaliste la plus largement utilisée. Comme l’espéranto et l’ido, l’interlingua a connu un regain de popularité car les adhérents peuvent se rassembler et partager sur Internet.

La communauté scientifique utilise l’interlingua. Il s’est étendu au monde des affaires et aux gouvernements pour la communication internationale. Il est parlé sur tous les continents et a de multiples périodiques. Il est également enseigné dans certains lycées et universités.

L’interlingua compte sa propre wikipédia et son propre wiktionnaire et fonctionne avec Google Keyboard.

De toutes les langues auxiliaires, l’interlingua a peut-être le plus de potentiel. Il nécessite moins de traduction et est plus facile d’apprendre pour les locuteurs de langues occidentales.

Conclusion

Faciliter la communication entre les personnes qui ne partagent pas une langue maternelle est l’objectif de chaque IAL. Malgré touts les conflits internes et disputes, c’est un mouvement plein d’espoir.

L’espéranto, l’ido, l’interlingua, et les maintes autres IAL peuvent être idéalistes. Elles peuvent également être irréalistes dans leurs formes actuelles. Si vous en rencontrez un, vous feriez bien de trouver un traducteur qui connaisse parfaitement les langues source. Cependant, le renouveau du mouvement est intéressant.

C’est peut-être uniquement grâce à Internet. C’est peut-être aussi grâce au désir croissant de devenir une communauté mondiale. Quand les gens désirent communiquer, ils cherchent un moyen de le faire. Nous remercions les protohippies du XIXe siècle et leur désir de paix mondiale. Ils ont peut-être accédé à un besoin humain fondamental qu’une véritable IAL peut satisfaire.

Les gens désirent communiquer. Ils veulent avoir accès aux moyens de le faire sans ingérence. Ils ne veulent pas que la communication soit entravée par un pouvoir politique ou économique. Alors que le monde est confronté à des problèmes plus véritablement mondiaux, les IAL donnent de l’espoir à leurs défenseurs.

Elles ne sont pas magiques et leur histoire est troublée. Mais ne serait-il pas formidable si une langue auxiliaire était notre premier traducteur universel ? Il sera fascinant de voir où sa résurgence nous mènera.