L’expansion des chatbots dotés d’intelligence artificielle a été si soudaine que l’on a eu du mal à se tenir au courant des nouveaux développements. En fait, depuis la rédaction de la première partie de cet article, Open AI a déjà lancé une nouvelle version de ChatGPT. GPT-4 offre des caractéristiques impressionnantes, telles que la capacité de passer des évaluations scolaires standardisés, la capacité d’analyser des images et la capacité de créer des logiciels dans tous les principaux langages de programmation.
Alors que les entreprises s’efforcent de dépasser leurs créations précédentes, c’est le bon moment pour faire une pause et évaluer si ces chatbots représentent vraiment du progrès. Ici, on évaluera à la fois les promesses et les dangers des chatbots dotés d’intelligence artificielle vis à vis l’industrie de la traduction.
Les avantages des chatbots
D’un point de vue commercial, l’intelligence artificielle semble ouvrir de nouvelles voies pour réduire les coûts et les délais d’exécution. Des chatbots sophistiqués pourraient être utilisés, par exemple, pour améliorer le service client et l’engagement client, pour écrire des scripts vidéo et des descriptions de produits, et pour aider à déboguer du code. Ils peuvent aider à produire du contenu multilingue dans de nombreux formats en moins de temps et à un moindre coût.
Par rapport aux traductions, les traducteurs peuvent utiliser les chatbots comme une aide pour traduire. Les petites entreprises à budgets réduits pourraient trouver particulièrement tentant d’utiliser un chatbot pour des tâches linguistiques. Et si une entreprise souhaite offrir, par exemple, un meilleur support client en temps réel dans une centaine de langues, sans avoir à payer une centaine d’équipes informatiques dispersées partout dans le monde, un chatbot pourrait être la solution.
Les dangers des chatbots
Les avantages justifient-ils les inconvénients ? Pour l’industrie de la traduction, les chatbots posent trois problèmes inquiétants.
Contenu préjudiciable et manque de précision
Les chatbots sont aussi bons que les données utilisées pour les entraîner. Malheureusement, ces ensembles de données sont naturellement biaisés. Certains essais ont produit du contenu parfois d’une inexactitude regrettable, parfois directement effrayant. Par exemple, il y a eu des chatbots qui ont menacé de blesser les utilisateurs et des chatbots qui ont facilité des discours de haine. Les développeurs ont reconnu l’intelligence artificielle peut parfois « halluciner », c’est-à-dire que les chatbots peuvent générer des faits fictifs sans s’en rendre compte.
OpenAI a tenté de résoudre certains de ces problèmes dans GPT-4, qui promet être moins faillible que la version antérieure. Cependant, aucun chatbot n’a éliminé le risque d’offenser quelqu’un. Comme ils n’ont pas la sensibilité culturelle et linguistique des êtres humains, les chatbots sont mal équipés pour gérer les traductions à haut-risque, telles que celles requises dans les hôpitaux, dans les tribunaux, dans le milieu de la diplomatie internationale, etc.
Dilemmes éthiques
De plus, l’éthique du contenu généré par l’IA n’est pas bien définie, ce qui incite à la prudence avant de sauter dans le train en marche.
Les universités, par exemple, ont sonné l’alarme sur l’utilisation de chatbots pour générer des essais et d’autres travaux pratiques, ce qui a conduit à des accusations de plagiat. Les chatbots ont une relation difficile avec les travailleurs qui craignent des licenciements massifs et dénoncent la précarisation des actifs qui entraînent les intelligences artificielles en premier lieu. Et on n’a toujours pas mentionné l’impact environnemental des modèles d’intelligence artificielle, qui gaspillent de l’énergie et impliquent des émissions de dioxyde de carbone, ce qui va à l’encontre des priorités du nombre croissant d’entreprises qui cherchent à atteindre la durabilité.
Pire encore, ChatGPT a ouvert les portes à certains utilisateurs peu scrupuleux pour générer des logiciels malveillants, pour améliorer les courriels de filoutage et pour diffuser de fausses nouvelles à l’aide du chatbot. Bien que les entreprises soient déterminées à restreindre l’utilisation abusive de leurs plateformes, les pirates informatiques n’ont pas tardé à se lancer pour trouver des moyens de contourner ces restrictions. Compte tenu de ce champ de mines éthique, les traducteurs doivent être extrêmement prudents et ne pas s’appuyer sur les chatbots sans un contrôle de qualité rigoureux mené par un expert.
Sécurité et confidentialité
En effet, le manque de sécurité des chatbots est un problème majeur pour l’industrie de la traduction. Rien ne garantit que les données que l’on entre dans une intelligence artificielle seront hors de portée de tiers. En fait, toute conversation capturée par le chatbot peut être utilisée pour améliorer ses ensembles de données, et il n’y a aucune possibilité de refuser cela. Les ensembles de données des chatbots comprennent des milliers de mots capturés sur Internet sans le consentement des propriétaires du contenu d’origine.
Pour les traducteurs qui travaillent avec des documents confidentiels ou dans le domaine de la propriété intellectuelle, il s’agit d’un problème sérieux. En plus des préoccupations concernant la politique de confidentialité d’OpenAI et la divulgation de données il y a actuellement des questions sur la conformité de ChatGPT et GPT-4 avec le RGPD européen. La non-conformité avec ce règlement serait un inconvénient majeur pour les entreprises qui exercent leurs activités en Europe.
Les chatbots pourraient-ils remplacer les traducteurs ?
Bref, quand on se demande si un chatbot pourrait remplacer les traducteurs humains, la réponse la plus probable actuellement est « non ». Il convient de rappeler que les bots ont besoin de l’intervention humaine et de l’entraînement pour être utilisables. Contrairement aux êtres humains, ils ne peuvent pas s’adapter sur le moment, comprendre l’humour, être flexibles ou tenir compte des nuances culturelles lors de la traduction.
Au lieu de cela, on peut s’attendre à ce que l’intelligence artificielle générative facilite la post-édition humaine de traductions automatiques. Alors que les entreprises utilisent de plus en plus les chatbots pour générer du contenu, le travail du traducteur pour les améliorer sera essentiel.
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